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Soldats russes en Transnistrie: quelles conséquences de la militarisation dans la région?

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L’explosion du conflit transnistrien en 1991-1992, entre les troupes moldaves qui aspiraient à reprendre le contrôle du territoire et les séparatistes, fut le prétexte utilisé par la Russie pour stationner la XIVème Armée (environ 8.000 hommes) et des dizaines de milliers de tonnes d’armement sur la rive droite du Dniestr.  Le but officiel: le maintien de la paix et de la sécurité. Vingt-deux ans après, les soldats russes semblent avant tout avoir préservé le statu quo d’un conflit gelé.

L’évolution de la présence militaire russe de 1991-2013

L’accord de 1994 entre la Moldavie et la Russie prévoyant le retrait progressif des troupes dans les trois années suivantes n’a jamais été ratifié par la Douma russe. Au contraire, en 1994, la Douma vote une résolution qui déclare la région de Transnistrie "zone d'intérêts stratégiques particuliers", répondant ainsi aux demandes de la population transnistrienne de ne pas lui retirer la protection des soldats russes. Une protection qui, aux yeux des organisations internationales, demeure une occupation illégitime du territoire moldave.

Toutefois, avec l’implication de l’OSCE dans les négociations et la déclaration du Sommet d’Istanbul, la Russie a été contrainte de retirer une grande partie de son arsenal et de ses soldats. Les élargissements de l’OTAN et de l’UE, la révolution orange en Ukraine, ainsi que l’arrivée au pouvoir des politiciens moldaves de plus en plus pro-occidentaux, ont porté un coup d’arrêt au processus en 2004. Aujourd’hui il reste quelques 20 000 tonnes d’armement et environ 1 000 soldats sur le territoire séparatiste, dont un bataillon fait partie des forces multilatérales de maintien de la paix (à côté des Transnistriens et des Moldaves), alors que le reste du contingent assure la protection de l’arsenal.

Les conséquences pour la région

  • Renforcement de la position russe

A partir des années 2003-2004, la politique étrangère russe connait un tournant majeur lorsque le président Poutine révèle son souhait de former un espace d’intégration avec un cœur russe et de contrecarrer, par la même occasion, les ambitions des pays voisins plus développés économiquement qui tentent d’abord d’évincer la Russie des marchés internationaux prometteurs et ensuite à s’imposer du point de vue géopolitique.

Dans sa logique de jeu à somme nulle, la Russie doit garder un pied en Transnistrie. Compte tenu des tentatives de l’UE de favoriser les négociations bilatérales (Moldavie-Ukraine) ou trilatérales (Moldavie-Ukraine-Transnistrie), la présence des soldats russes qui possèdent le monopole de la sécurité assure la légitimité du droit de véto de la Russie et, ainsi, son poids supérieur dans les négociations.

  • Maintien du statu quo

Le maintien des troupes russes sur le territoire transnistrien est la garantie que les « intérêts privilégiés » de la Russie sont respectés et constitue son principal atout dans les négociations. Cependant, la présence des soldats russes sert aussi de rappel au gouvernement de Chisinau : le conflit n’est pas encore résolu et peut à tout moment être réactivé.

Dmitri Rogozin, vice-Premier ministre et ambassadeur russe auprès de l’OTAN, l’a confirmé en déclarant que la militarisation est essentielle pour la sécurité de la région et que les forces de maintien de la paix ne seront remplacées par une mission policière que lorsqu’un accord sera conclu entre Chisinau et Tiraspol. Cependant, la préservation du statu quo est le meilleur scenario pour la Russie. Elle gagne ainsi une importante marge de manœuvre pour la défense de ses intérêts et limite le degré de rapprochement entre la Moldavie et l’UE – tant que la Moldavie reste instable politiquement, l’adhésion est inenvisageable.

  •  Levier dans les relations russo-ukrainiennes

Un autre enjeu extrêmement important de la militarisation de la région concerne l’Ukraine, dont de nombreuses voies de communication et d’échange avec la Moldavie, la Roumanie et l’Europe Centrale passent par la Transnistrie. Il s’agit peut-être d’un des aspects pris en compte par le Président ukrainien Ianukovitch en refusant l’Accord d’association avec l'UE pour se tourner vers la Russie.

  • Base pour un futur établissement militaire de la Russie ?

L’ouverture de plus en plus évidente de l’UE et de l’OTAN vers les républiques membres de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) a été perçue comme une menace directe contre ce que la Russie considère comme sa zone exclusive d’influence. Etant donnée l’hostilité exprimée par les représentants russes sur la question du bouclier anti-missile qui sera installé en Roumanie, rien n’exclut l’installation d’une base militaire russe en Transnistrie en guise de représailles.

Quels enjeux pour l’Union européenne ?

L’élargissement de 2007 a mis la politique européenne de sécurité face à un nouveau défi : un conflit gelé depuis quinze ans et un Etat de facto reconnu comme un royaume des trafics illégaux (armes, drogues, marchandises, personnes etc.) à moins de 150 km de sa frontière orientale. L’Union européenne connaissait déjà bien la Transnistrie : impliquée depuis 2005 dans les négociations en tant qu’observateur, elle avait déployé une mission EUBAM et avait développé plusieurs lignes de dialogue avec les acteurs concernés, mais ce sans aucun aboutissement concret.

Avec la signature de l’Accord d’association, l’UE a considérablement augmenté son potentiel d’européanisation de la Moldavie. L’objectif à long terme est de rendre l'UE plus attractive que la Russie aux yeux des séparatistes et de progressivement effacer l’importance de la ligne de front, ce qui constitue un vrai défi en raison de la présence des soldats russes mobilisés pour la défendre. En effet, les soldats russes jouent également le rôle d’intermédiaire entre la population transnistrienne et la Russie. Pour une grande partie de la population il est rassurant de pouvoir compter, depuis 200 ans, sur la présence des soldats russes qui assurent une protection contre tout envahisseur.

A l’inverse, l’UE est encore pratiquement invisible, un concept flou soutenue par la Roumanie et la Moldavie et qui ne peut donc être que contraire aux intérêts transnistriens. D’ailleurs, la proposition de l’UE d’internationaliser les forces de maintien de la paix et d’y contribuer avec une mission de gestion de crise a rencontré dans un premier temps une forte opposition russe suivie du refus des séparatistes. 

Malgré tout, l’UE doit manifester davantage son intérêt dans la résolution du conflit et continuer de faire pression pour le remplacement des soldats russes par une mission internationale de maintien de la paix sous l’égide de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Pour ce faire, il serait peut-être opportun de réviser la stratégie de partenariat avec la Russie pour pouvoir déterminer les options de négociations possibles : faut-il négocier avec la Russie ou agir sans elle ? Quels sont les outils nécessaires dans les deux cas ?

Conclusion

Si l’objectif de l’UE est de construire un voisinage stable, prospère et sécurisé, l’objectif de la Russie est, quant à lui, de construire un voisinage russophile à tout prix. Ce qui est essentiel pour la Russie n’est pas tant la résolution du conflit transnistrien, mais bien la poursuite de sa présence militaire dans la région. Au final, c’est de cette manière que la Russie garantit la reconnaissance de ses intérêts privilégiés et qu’elle s’assure que sa sphère d’influence ne glisse pas davantage vers l’Ouest.

Aller plus loin

Sur Nouvelle Europe

A lire

  • Lt. Dasseleer, Pol-Henry, L’Union européenne et la Russie dans le voisinage commun, 2010
  • Parmentier, Florent – “La Moldavie, l’Europe par procuration?”, dans Les banlieues de l'Europe, 2007
  • Tudoroiu, Theodor – « The European Union, Russia, and the Future of the Transnistrian Frozen Conflict », East European Politics and Societies, 2012

Sur Internet

 

Source: Парад 2 сентября 2010 года реактивные системы залпового огня donor.tiras.biz.JPG, Wikimedia Commons

Andreea Flintoaca

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